A ma mie, pour des jours sans faim; Cette dédicace, qui ne mange pas de pain. Et puis bien sur, à Jean...
J'espère que ces modestes histoires vous plairont, il se peut que quelques unes ne vous soient pas inconnues, pleins de gags sont lâchés dans la nature et l'on ne sait plus trop qui en a été à l'origine, mais du moins, vous les découvrirez sous une autre facette; Certaines de mon cru vous surprendront peut-être, en tout cas puises-je vous tirer quelques sourires, sinon mieux, c'est là mon seul souhait.
La Fable
Ésope est considéré comme le créateur de la fable :
Les "Fables ésopiques" sont des fables attribuées à Ésope (voir plus loin) mais recueillies par Démétrios de Phalère (IVe s. av. J.-C.). Compilées par Maximos Planude (v. 1260 1310), versifiées par Babrias elles mettent presque toujours en scène des animaux et concluent à une morale populaire.
Au XVIe s., Rabelais insère dans son oeuvre quelques fables (en prose)
Marot écrit en vers le Lion et le Rat.
Les Fables de La Fontaine scelleront leur popularité en France.
N'en manque-t-il pas un ? Ah oui, ce bon Monsieur de La Fontaine ! Nous allions l'oublier...
La vieillesse et la maladie amenèrent sa conversion en 1692. Il mourut à Paris en 1695.
Sa vie, si elle fut caractérisée par un certain manque du sens des responsabilités, est rachetée par un certain regret à ne pas être meilleur, les travailleurs et les méritants ont souvent le beau rôle dans ses fables, il aime à attraper le farceur et se moque de l'ambition et de l'orgueil. Pourtant, si la fourmi l'emporte sur la cigale, on sent une certaine indulgence vis à vis de celle-ci, car son amour le plus fort à toujours été celui de la liberté.
- Eh ! le lion ! qu'as-tu ? je te vois bien marri !
Aurais-tu perdu quelque chose ? que fais tu la tête en bas ?
- Au lieu de te moquer, tu ferais mieux de me sortir de là
Sinon, par ma foi, je jure que je t'ôterais la vie.
La souris embraya, mis la marche arrière :
- Eh le lion ! accroche-toi à mes pare-chocs,
Je vais te tirer de là, arrête tes prières
Et ne m'en veux pas trop si je me moque.
Elle fit rugir son moteur, ainsi que le lion
Et le tira de là, plein de compassion.
Je puis avoir besoin de lui, se dit-elle,
Elle avait bien dit, car à conduire comme une folle,
Elle ne tarda pas, elle aussi, à déraper sur une tôle.
La Porsche fit une embardée, elle se ramassa une pelle,
Tant et si bien que le trou, qui avait accueilli le lion,
Fut pour elle un puits, d'où elle cria sa déception :
- Le lion le lion ! reviens !, je suis coincée aussi !
- Ah ma mie, je te dois bien ça, tiens ! prend le bout !
Sans se faire prier, aussitôt, sa bonne action il fit :
Avec sa queue qu'il glissa jusque dans le fond du trou.
La petite souris s'agrippa, sortit, le museau un peu honteux
Et se dit que, ma foi, la vie est bien moche
Car quand on a une grande queue,
On n'a pas besoin de Porsche.
En conseil, ils se réunirent,
Afin de faire cesser ce raffut.
L'ourse donc, ils firent venir,
Et voici ce qu'il en fut :
- Dame ourse, nous comprenons votre bonheur,
Mais ne serait ce point possible de faire moins de fracas ?
- J'aimerais assez, dit-elle, vous tirer de l'embarras,
Mais, qu'y puis-je, toute la journée au labeur
Mes pieds sont écorchés, écrasés, compressés,
Tant et tant que mon mari, dans sa bonté,
Passe toute sa nuit à me les masser.
C'est cela, mes amis, qui me fait tant crier.
L'assemblée se dispersa, un peu honteuse,
Tout un chacun pensant qu'au lieu d'être heureuse,
De mille maux aux pieds, et non par vice,
Celle-ci ne hurlait-elle pas son supplice ?
Le renard, quand même fort étonné,
Alla voir Dame ourse pour lui tirer son secret :
- Au lieu de faire souffrir, n'est-ce pas plutôt pour soulager
Que les massages aux pieds, ton mari te prodiguait ?
- Si fait, maître Goupil, mais qui te parle de douleurs ?
Ne le sais-tu point déjà ? je te le dis sur l'heure
Qu'il n'est point besoin de mentir
Pour cacher la vérité
Et si tu promets de ne rien dire,
Je veux bien te l'avouer
Que s'il est un plaisir à nul autre pareil,
C'est de se faire caresser entre les deux gros orteils.
Mais voici qu'un matin, recevant ses flatteurs,
Il compta en soupirant : c'était grand malheur,
Son épouse, sa moitié, qui manquait au cheptel,
Dans la nuit s'était enfuie, pour du blé en herbe,
Il baissa la tête, perdant de sa superbe
Et se mis à meugler de douleur tout en pensant à elle.
Puis il se mit à jurer, que de ce taurillon...
Mais déjà de lui, se détournaient ces félons.
Il devint la risée dans tout le terroir,
A la cour du roi, il n'était plus invité,
Les gens le fuyaient, leurs âmes bien noires,
Plus personne avec lui, ne voulut discuter.
Ah, se dit-il, cela dépasse les bornes !
Il faut prendre le problème par les cornes.
A l'instant, il se mit en quête d'une autre compagne,
Il faut chercher partout, battre la campagne.
Mais se demandant pourquoi il portait cette ramure,
Les génisses le fuyaient, lui conseillant la bure.
Impossible, dans ce cas, de déclarer sa flamme,
Le misérable jugea, bientôt pris de vertiges,
Qu'au figuré, comme au littéral, lorsque l'on perd sa femme,
L'on perd aussi bien vite ce que fut tout prestige.
- Cela ne vaut sans doute pas les tripes à la mode de Caen,
Qui, accompagnées d'un Médoc et préparées comme il se doit,
Dans un four bien chaud et douze heures durant.
Deviennent dignes de la table d'un roi.
Encore meilleur, peut-être, que la queue de boeuf en hochepot.
Ainsi parla le mouton, qui ne voulait pas qu'on laisse faire
Du mal à sa famille, en voulant la mettre au pot.
Mais ne voulant pas, du colosse châtré, subir la colère
Il ajouta bien vite, avisant une délicieuse volaille :
- Mais je dois reconnaître que de tous les morceaux,
Le plus gras, le plus succulent, en somme le plus beau,
Celui avec qui, on aime à faire grande ripaille
C'est assurément le croupion de ce joli chapon,
Le boeuf, calmé, ajouta qu'en la matière,
Revenu au Bourgogne et déglacé au Bourbon,
Il n'eut rien mangé de mieux, depuis l'année dernière !
Reniflant son amie, un basset a poil raz,
Encore tout étourdi par cet événement,
Se dit, les entendant, qu'à proximité des excréments,
Se trouvait le régal du palais et les meilleurs plats.
- Quoi ? vous voulez dire que... non, vous vous moquez.
- Si c'est ce que tu crois. Mais avec le temps, on verra
Qui de nous deux, le premier flanchera !
- Je vous dis que ça suffit, je crois que c'en est assez !
Puis le temps passa, la jeune recrue s'aguerrit
A l'art de la guerre, comment tuer l'ennemi.
Mais l'amour lui manquait, c'est ainsi qu'on le vit
Autour de l'enclos, tourner avec envie.
Quelque temps plus tard, une nuit, il le fit :
Une chèvre il surprit et commença son affaire
Quand tout autour de lui, ses camarades il vit
Rire et se moquer de lui, pour ce qu'il allait faire
Mais pourquoi ces cris ? Pourquoi ces moqueries ?
Vous même et sitôt arrivé, ne m'avez vous pas avoué
Que, du mal d'amour, de cette manière, vous avez guéri ?
- Doucement, ne t'énerves pas, nous allons t'expliquer
Que si parfois les gens pensent du mal de toi
Ce n'est pas toujours pour ce que tu crois.
Car ta compagne d'une nuit, celle que tu convoitises
Celle que, sans nous, tu aurais sans doute prise
L'as tu fait parce qu'elle était la plus proche ?
En tout cas nous, nous rions, car tu choisis la plus moche !
- C'est, sur la Deûle, à Lens exactement,
Dit celle qui venait du Pas-de-Calais,
Que l'industrie a dû son succès,
Est arrivée au firmament,
Pour être bâti à chaux et à sable.
Dans votre botte, vous n'en êtes point capable.
- Que nenni, vous parlez comme un âne.
Dit celle qui venait de Toscane,
C'est sur l'Arno, à Pise précisément,
Qu'on a construit de plus beaux bâtiments,
Le Campanile, le palais des Médicis et de Galileo,
Que votre industrie qui va à veau l'eau.
- Tout au plus au lait de chaux vous n'êtes bon,
Badigeonnez vos monuments ! Même pas ton sur ton !
Et cette tour qui ne demande qu'à tomber
Prouve bien votre prétention et votre fatuité.
Ces hyménoptères en furie
Sortirent aussitôt leurs aiguillons !
Un bourdon, attiré par cette cacophonie,
Voulu s'immiscer dans la conversation.
A vouloir ainsi donner la réplique
On risque fort de ne rien entendre à la polémique
- Pourquoi se chamailler ainsi mes soeurs ?
Car que ce soit à Pise, que ce soit en France,
Qu'il s'agisse de la chaude-pisse ou de la chaude-lance,
Ecoutez mes lumières : Vous chantez d'un même choeur.
- La saison de chasse est ouverte,
J'ai repéré quelques laissées,
Dit le loup, avide de sanglier.
- Encore, pour sur, votre langue verte,
Qu'est-ce encore que ce mot, demanda l'équidé ?
- Vous avez bien vu, c'est comme votre crottin
Mais à chaque animal, il faut donner le sien.
Comme cette chiure de mouche, posée sur votre nez.
- C'est la géographie que vous devez étudier
Et qui peut me dire céans, la capitale de la Colombie ?
- Un colombin je peux, répliqua l'épervier,
C'est la que l'on reconnaît le passage des perdrix.
- Sot que vous êtes, vous ne connaissez point Bogota
Vous vous croyez malin, mais vous marquez le pas.
- Qui pourrait me donner, un chef-lieu de canton,
Qui se trouverait, tenez, pourquoi pas dans la Gironde ?
Personne ne dit mot, mais qui connaît le monde ?
- Alors, on ne sait pas, vous rabaissez le ton ?
Le Bouscat, par exemple, fit fièrement l'oiseau.
- La bouse, ça je sais, dit l'ours, un drôle décimant les troupeaux,
Le caca, fit l'oie, j'en fais de fameuse couleur.
- Il suffit ! et quel lac est tapi au fond de l'Arménie ?
Allons, parlez, manifestez, répondez sans peur,
Personne ne connaît Sevan, pas plus que l'Italie !
S'il est un sujet que vous possédez, somme toute,
C'est parler, à l'envi, des crottes de souris,
Des fientes et du guano, car comme tout français sans doute,
Vous êtes bien plus fort en fèces, qu'en géographie.
- Ma mie, je ne puis point, le sujet est trop sensible,
Car si vous saviez, je crois que je perdrais la mise.
Et arrêtez par vos regards, de me prendre pour cible,
C'est trop de douleurs, assez ! Vous êtes déjà prise.
- Je suis mon seul propriétaire, à personne je ne fais fête,
Et enfin, de quoi parlez-vous ? Cessez de me faire attendre,
Et dites moi bien vite, ce que vous avez en tête.
- C'est, dit-il, que j'aimerais tant vous prendre.
- Me prendre, la bonne idée, était-il besoin de tant tergiverser ?
Allez, venez, et séchez vos mauvaises pensées,
Bien sur, je suis à vous, ne l'aviez-vous point deviné ?
Tenez, allez-y, puisque personne n'est là pour nous guetter.
Le terrier fit son oeuvre, il s'y prit comme un maître,
Mais son extase consommée, le malheur inonda sa face.
- Qu'est-ce encore, malgré toutes mes bonnes grâces,
Je vois que votre affliction, au lieu de disparaître,
Est encore plus forte, qu'au premier abord,
Si j'avais su ceci, je n'aurai pas donné mon accord !
Elle avait oublié que tant le naturel a de force,
Qu'il suffit souvent d'en avoir une amorce,
La belle à force de supplier, obtint une réponse sur le tard,
- C'est, dit-il, que je n'ai point eu mon renard !
L'apis, dont ce n'était point les manières,
Voulu bien, pour une fois, y déroger,
- Pour une nuit, vous pourrez coucher,
Mais cette fois-ci sera la dernière.
On plaça donc le bougre épuisé
Dans une alvéole inoccupée.
Lorsque la nuit se mit à tomber,
A peine endormi, il fut réveillé.
Des cris, des soupirs vinrent le tourmenter,
Une femme assurément ! Elle avait l'air d'y goûter.
Malgré sa lassitude, il en fut excité,
Aussitôt, il se mit à se contenter.
Ah, la bougresse, elle avait la santé !
Car, lui, exténué, elle reprit de plus belle
Il tapa la cloison, voulu l'arrêter,
Rien n'y fit, sur ! Elle n'était point pucelle.
Lorsque enfin, elle poussa un long cri,
Puis plus rien, enfin ! Il se rendormit
Pour être réveillé à l'instant, avant même un rêve.
- Il faut vous réveiller, un nouveau jour se lève !
Les apparences sont trompeuses, c'est ainsi,
Et quand on ne sait trop, il vaut mieux se taire.
- Mais dit-il, chez vous c'est l'enfer,
Tout à côté de moi, une de vos amies...
- Ne m'en parler pas, la pauvresse,
Elle a dû crier toute la nuit,
Et il est pour nous grande tristesse :
Au petit matin, son âme est partie.
Après avoir gambadé dans cette campagne bucolique,
Les amoureux transis, profitant du moment unique,
Toute la nuit durant, célébrèrent leurs noces,
Faisant ce qu'il fallait afin que l'amour se renforce.
Au saut du lit, ils entendirent, pensant qu'ils révèrent
- Qu'est-ce donc que cela, que sont ces saletés ?
Vociféra en colère, le propriétaire.
- Mais, mon parent, nous avons juste consommé,
Les fruits de l'amour, était-ce immoral ?
J'aurai cru pourtant, que nous ne faisions rien de mal.
L'amour n'est pas sale, rien n'est interdit,
C'est la saleté elle-même que je veux voir banni,
J'aurai même concédé juste un peu de bruit.
Les fruits, c'est certain, vous pouvez consommer,
Mais assez pour aujourd'hui, je ne puis tolérer
Qu'à jeter leurs peaux jusque sur ma truie,
L'infortunée, ayant voulu les avaler, en est morte.
Le mieux pour vous, serait que vous preniez la porte.
Il fait froid, lui dit-il, attend, je vais te couvrir,
Elle rua fort, cinq essais il lui fallut, avant de réussir.
Quand il força l'accès, il eut aussi mal qu'elle,
Mais elle ne bougeait déjà plus, finit la bagatelle.
Quand une vieille haridelle, déjà sur son déclin,
S'offrit à lui, pensant que ce serait la dernière fois,
De telle manière, qu'il en resta pantois.
Elle se dit, c'est fini, c'est bientôt la fin,
Je vais lui montrer toutes les plus belles figures,
Sa vie durant, il se souviendra de moi, je le jure.
Les choses qu'il n'a jamais osées, même en rêvant,
Rendra ridicules, les plus splendides lipizzans.
Ce qui prouve, encore une fois, mais, avouez, vous le saviez déjà,
Que c'est dans les vieilles marmites, qu'on fait les meilleurs plats.
Quand, passant par là, un dogue de Bordeaux,
Après un festin d'enfer, qu'il était bon ce Médoc,
Vit le pauvre diable, avec ses os et sa peau,
On ne sait ce qu'il lui prit, il lui baissa son froc.
L'endormi n'en sut rien, mais au petit matin,
Il vit que la providence lui avait fait un cadeau :
Une grasse côtelette, tout près de son museau,
Cela ne pouvait tomber mieux, il avait grande faim.
Le soir même, la même scène se perpétra.
Le soir d'après encore, et les jours suivant tout autant.
Lorsqu'un matin, son morceau d'agneau reniflant,
Il se dit, non ma foi, ce n'est pas bon pour moi.
La vérité est plus cruelle que celle que l'on croit connaître,
Car ce cabot, cet incapable, ce cancre sans maître,
Pensait, qu'il ne digérait pas la côtelette, assurément
La preuve, il n'avait jamais eu si mal au fondement.
Devant sa mine pitoyable; la belle lui dit en ces mots :
- Ce sera sous le porche, si tu n'as qu'un écu en poche.
- Et si je détiens plus, que m'offres-tu en gros ?
Tu serais fortuné ? sais-tu que tu n'est pas si moche ?
Pour huit écus en tout, je puis t'offrir le rêve,
Là haut, sous les faîtières, je te ferais mille douceurs,
Tout ce qui est interdit, je le ferais sans trêve,
Toute la nuit durant, tu connaîtras le bonheur.
Notre verrat, sortit, quoi qu'on en dise, sonnant et trébuchant, dix écus !
Quoi ? Avait-elle bien compris ? A ce point, la truie lui avait-elle plût ?
- Ce sera alors la fête, vous saurez tout de mes charmes aréolaires !
Que devrais-je faire en plus, monsieur est connaisseur,
Pour ajouter encore au montant du bonheur ?
- Que nenni, dix fois sous le porche ferait mieux mon affaire.
Le remarquable à son prix, mais c'est affaire de curieux
Du délicieux sur terre, qui vivent en Epicurie.
Parfois, on dit : c'est trop cher, je n'en ai plus envie,
Alors que la goinfrerie, c'est souvent plus dispendieux.
- Seigneur, votre garage est ouvert, on pourrait vous voler !
- Que dites-vous ? Je n'entends rien à vos propos,
Vous feriez mieux, ma chère, de surveiller vos mots,
Allez à vos affaires, l'affût, vous devez surveiller.
- Excusez-moi d'insister, mais si béante est la remise,
Vous pourriez derechef, voir vos atouts s'envoler.
- Assez, il suffit, est-ce parce que vous êtes ma promise ,
Que vous vous permettez de m'offenser ?
N'ayant rien compris, n'ayant faire d'un véhicule,
En prince, il continua ses inspections, en pensant : " elle fabule "
Mais la chasse terminée, lorsque le jour faiblit,
Ses lionceaux étonnés, relatèrent sa nudité démunie.
C'était donc cela ? Il ne faut pas se laisser déconcerter,
Il alla voir la lionne et, pensant réparer l'outrage, du moins, s'il put
La questionna : - Etait-ce une Mercédes, une Porsche, une BMW,
Que vous avez vue en mon garage, au petit matin, lors de la battue ?
Hélas, la suffisance ne peut rien pour ceux,
Qui par la nature ne sont pas bien nés.
- Non, cela ressemblait plutôt, n'est-ce pas honteux,
A une vieille Deux-Chevaux, avec deux roues crevées !
Mais voila qu'un jour, il voulut voyager,
Trouver d'autres cieux où il pourrait faire valoir
Ses dons inestimables, travailler tard le soir,
Donner de sa personne, connaître le monde entier.
A cette occasion, il rencontra une belle.
De ses dons les plus forts, il voulut lui cacher,
Voulant, que de lui seul, elle soit amourachée.
Enfin, les délices de l'amour, il connut avec elle.
- Vous êtes stomatologue ou dentiste j'espère ?
Car pour ne rien vous dissimuler, j'hésite entre les deux métiers.
A ces mots, il fit l'étonné, ainsi donc, avait-elle deviné ?
- Et même un bon dentiste, un dentiste extraordinaire !
Celui que tout le monde espère, en somme le suprême.
Ces mots furent pour lui la certitude qu'il était la crème.
Ce n'était plus possible, il allait avouer.
Mais ne savait-il pas que le plus doué des passériformes
Pouvait avoir des faiblesses cachées, en somme être hors normes ?
- Vous êtes superbe, dit-elle, je n'ai rien senti passer.
Ainsi, plein de résolutions, il prit son bâton de pèlerin,
A force de chercher, il finit par dénicher,
La belle qu'il lui fallait, au détour d'un chemin.
On l'annonça partout, dans deux lunes, ils allaient convoler !
Mais à peine leurs fiançailles révolues,
L'ânesse voulu savoir, bref, elle n'y tint plus.
- Cessons ce jeu, et faites moi entrevoir,
Ce que vous cachez, ne me laissez pas dans le noir.
- Non ma mie, il n'en est point question,
Je ne veux point faire voeux de chasteté,
Mais je réclame ici toute votre attention,
L'abbé a bien énoncé que vous ne pourriez rien voir,
Jusqu'au jour bénit, ou vous pourrez tout savoir.
- Mais alors, laissez-moi au moins vous effleurer,
Que je puisse me faire une idée de vos bontés.
- Mais vous êtes têtue ! sachez que je le suis encore plus,
C'est même, savez vous, le propre de mes affaires,
Pour la dernière fois, tenons nous en à ce que dit le vicaire :
Ni examiner, encore moins palper, jusqu'aux noces sans aucun abus.
La jeune délurée, qui voulait quand même connaître
Ce qu'on disait de l'âne, qu'il était bien monté,
Se dit, elle avait une idée, après tout, il faut tout essayer :
- Et sentir, croyez-vous que cela pourrai se commettre ?
Humer ? , se dit le baudet , ici rien, ne contredit l'ecclésiastique !
- Faites vite, juste un instant, et surtout n'en profitez pas !
Il n'avait pas tout juré, la morale ne peut être un peu élastique ?
Pourtant si on la suit, mieux vaut aller sans alinéas,
Car il eut mieux valu pour lui, qu'il utilise sa semaille,
A vouloir trop cacher, on montre l'évident.
- Mais c'est avarié, il n'est plus question d'épousailles,
Cela n'attendra pas quinze jours, elles vont tomber avant.
Elle manda l'homme de l'art qui lui dit en un mot,
- La bête est malade, il lui faut un congé,
Il a trop mangé de choux, il faut le ménager,
Lui faire prendre tel remède, le tenir au chaud.
La vieille bique à ce discours fût grandement affligée.
Qui était responsable ? Il lui fallait un émissaire,
Pour son bouc que maintenant, il fallait aliter.
Pensive, elle se caressa la barbe mentonnière.
- Je vais devenir chèvre, mais comment y remédier ?
Qu'importe la raison, il faut le sauver !
Nous sommes en hiver, comment le chauffer ?
J'y suis, j'ai trouvé, il viendra dans mon pucier.
- Mais vous n'y pensez pas, dit l'homme de vie,
Ce serai trop puant, je ne peux le permettre
Sans se démonter, la vieillarde répondit :
- Il faudra qu'il s'y fasse, s'il veut se remettre !
Et oui, quand on aime, on peut voir chez soi-même,
Bien plus de défauts que chez ceux qu'on aime.
Quand tu l'auras choisi, qu'elle ait le ventre bien gras,
L'air avenant, bonne et fière, tu l'enlaceras,
Et au moment opportun, à l'endroit de sa fourrure,
Fermement tu introduiras, l'objet de ta luxure.
L'héritier à ces mots, ayant tout retenu,
Se mis en quête d'une belle toute nue,
Il la choisit comme il faut, il en fit son affaire,
Puis le lendemain, il questionna son père :
Elle m'a reçu les bras ouverts, elle avait un beau duvet,
Mais ayant suivi ta recette, elle parut indolente,
En tout cas je puis te dire que je ne lui fis aucun effet,
Le patriarche fut déconcerté par cette nouvelle désolante
- Les bras m'en tombent, je désespère,
Ainsi, les siens sont restés croisés ?
Si tu savais, malheureux père,
Comme tu es près de la vérité !
Quitte à expliquer, il ne faut pas éluder,
Non plus que tourner autour du pot.
- Et ce n'est pas faute d'avoir essayé !
Répondit crânement, ce jeune sot,
Dans son pelage, des deux côtés,
Et même, à plusieurs reprises,
Sous le bras, je l'ai coincé.
Si tu avais vu comme je l'ai prise !
Ainsi parla la rombière à la plus jeune de ses filles,
C'était à se demander, par quel miracle, elle l'eût.
- Et à son mari, on ne montre pas ses billes,
Refuse tout ce qu'il demandera, ne soit pas férue.
Ah, bien sur, le premier soir, il faudra y passer,
Ferme les yeux, serre poings et dents, il va se lasser.
Puis les jours passèrent, elle n'y pensa plus,
Ses jeunes seins se formèrent, et elle devint truie.
La tendre rencontra Cochonnet, il lui plut.
On les maria bien vite et cela fit grand bruit.
Le soir arriva où la jeunette se souvint,
De ce que lui disait sa mère, sur ces porcs malsains,
Elle se laissa faire, pensa que c'était un bon choix.
Pourquoi ne pas réessayer, ce n'est pas si désagréable que ça ?
Puis les jours passèrent, elle n'y pensa plus,
Mais tous les soirs, elle se faisait effacer
Les ans, les galères, tous ces moments perdus,
Par son cochon de mari, qui savait bien l'enlacer.
Mais un jour de mai, quelle folie il lui prit,
De lui demander aussi de se retourner.
- Ah ça non, jamais, ma mère me l'avait bien dit,
Vous êtes tous des porcs, des gorets, vous me répugnez !
L'obscénité n'est que celle que l'on croit,
Ce qui est pour les uns, ne l'est pas pour les autres,
Et personne ici bas, n'en peut être l'apôtre.
Elle s'en aperçut trop tard, quand il dit à son endroit :
- Je n'en disconviens pas, mais je te fais remarquer
Qu'il faudra quand même le faire, si tu veux enfanter.
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